Mon règne pour seul remède

Il y a trente quatre ans de cela je naquis, mes premiers cris résonnaient entre les mur  du Manoir Banks. Ce qui était paradoxale, c’est que je venais au monde, tandis que ma mère était sur le point de rendre son dernier soupir. Ma mère avait la santé fragile, c’était couru d’avance , elle ne survivrait pas à l'accouchement.  Mon père m’en a voulu, disant que c’était ma faute, que je n’aurais jamais dû naître. O Comme j’en avais souffert pendant mon enfance ! On me disait que je ressemblais trop à mère, que c’était étrange. On douta pendant un long moment de mon intégrité,  une fille venant d’une mère à la santé faible, il est de nature normal que l’on se pose des question.  

A l’âge de neuf ans mon père m’avait déjà trouvé un prétendant, d'ailleurs c'était à peu près la seule chose de bien qu’il avait fait pour moi. l’alliance par le sang  avec la famille Barman allait m’offrir de quoi marquer le monde de mon empreinte, une destiné que jamais j’aurais pu imaginer. Les Barmans avaient un siège au conseil royal, me marier avec leur fils héritier pouvait largement me faire graviter autour de la sphère du pouvoir.


Avoir des amis puissants n’est ce pas là les premières pierres de l’édifices  qui constituent un monarque? Je grandissais dans les bonnes grâce du roi à cette époque, qui connaissait les Barmans connaissait le roi. Et pour cause, il s’agissait de la famille la plus influente à la cour. A l’age de mes dix-huit ans , la reine en personne m’engagea comme camariste, histoire d’apprendre les  bonnes manières royale et surtout..l’art de la manipulation. Voyez-vous, la vie à la cour n’est rien d’autre qu’un mélange d’intrigues et de complots. Je restais trois longues années à son service avant  que la maladie emporte notre reine  

A vingt-huit ans je pu siéger au conseil coté de mon mari, à la grande surprise de toute l’assemblée, j’étais leur plus jeune membre mais pas la moins ingénieuse pour autant. De fil en aiguille je tissais ma toile, telle une araignée, l’étau se resserrait sur mes cibles. De duperies en duperies, je gravissais les échelons. Mes conseils si avisés m’ont valu, la nomination tant attendu. Reine par procuration, si notre roi venait à disparaître prématurément, j’étais en charge d'administrer le royaume jusqu'à ce qu'un nouveau roi soit nommé. Quel dommage pour notre monarque de ne pas avoir d'Héritier…
Notre roi ? Quel beau mensonge ! C’était nous qui dirigeons le royaume pendant que notre monarque courait la gueuse. Sa nonchalance mettait le royaume en danger, surtout en cette période de paix si fragile. Il fallait agir. Mettre une nouvelle tête couronnée sur le trône !  Et vous savez de qui je veux parler n’est ce pas ! Il m’a fallu six mois pour tout orchestrer, s'assurer de la réussite du projet.  Comment cela c’est il produit ? Je vais tout vous raconter, dans les moindres détails :

Je marchais  dans les longs couloirs du palais, le roi avait réuni à la hâte le conseil. Notre monarque désirait  déplacer ses troupes en bordure de la frontière du “Royaume Redouté”  en prévision d’une attaque. Un mouvement de Trente-mille hommes, lors d’une paix si fragile. Cela pouvait être aisément prit pour une déclaration de guerre. Le roi Elwin n’a jamais été qu’un sombre idiot.  Ce soir là, il allait mourir.  Six personnalités étaient assises à sa table dont mon mari et moi même. l’assemblée était dans le coup. Il faut dire qu’avec bon nombre de promesses, on pouvait se faire des amis si facilement. le deal était simple. ils m’aident à poser la couronne sur ma tête et en échange je leur octroie davantage  de pouvoir qu’il en ont? Mais, je détiendrait toujours les pleins pouvoirs.  

La dernière fois que je vis notre cher roi  Elwin,  il fut pris de tremblement et  du sang coulait de son nez, puis rapidement de ses oreilles. Le curare est une arme si efficace.  Notre monarque chutait de sa chaise, convulsant, aucune personne vint lui porter secours. La loyauté de tous ses hommes m’était acquise. Ils portèrent tous un genoux à terre, le poing sur le coeur; comme le ferait un chevalier pour prêter serment.  

- Cersei de la Maison Banks..Nous vous jurons fidélité Dans la victire comme dans la défaite, Notre vie et votre !  

Assassiner le roi et rallier ses conseillers était une chose simple mais faire inculper et exécuter sa servante pour le meurtre de son maître était encore plus facile . J’ai du  me procurer un second flacon que j’avais soigneusement  fait dissimuler dans sa  chambre. j‘ai ensuite payé grassement l’herboriste de la ville, pour l’obtention d’un faux témoignage bien-sûr, l’herboriste déclarait donc  avoir vu la servante dans sa boutique et admetta qu’elle à payer une fortune ses deux  derniers flacons de poisons.  Inutile de vous dire qu’il en fallait pas plus pour emprisonner la servante et la faire exécuter.
Le soleil se couchait à peine c'était l’heure de l'exécution. Assise sur mon fauteuil je voyais la douce petite fleure que l’on emmenait tout droit vers le billot. Vêtue de guenilles et assez mal nourrie, elle allait vivre ses dernières minutes, je fis signe à ce que l’on me l'amène. La petite servante se jeta alors à mes pieds,implorant ma grâce  Les suppliques ! qu’est ce que je détestais cela. Pour toute réponse, je pris son visage entre mes mains. Je lui adressais un sourire narquois.

- Petite fleur, Je veux juste que tu saches que lorsque ta jolie petite tête de catin de bas étage roulera  à mes pieds….Ta mort renforcera la légitimité de mon règne...Et pour cela..je t’en remercie !

Je fis signe au garde de l’accompagner jusqu’au billot, sa marche funèbre pouvait alors reprendre.  Le bourreau sortit de l’ombre dans laquelle il se tenait. Il faisait traîner sa hache sur le sol, pour se donner un air plus théâtral certainement. Les pleurs de la condamnée ne me firent en rien changer d’avis. Lorsque l’on s’assura qu’elle avait la  tête parfaitement prise dans l’encolure, le bourreau attendit  mon signal que je ne gardais guère à donner.  Lorsque  il abattit sa hache, et qu’une gerbe de sang vint tacher le public, je compris dès lors que mon règne venait de commencer.